
Demi s'exprime avec d'autant plus de force qu'elle met sa formidable énergie au service de son propre répertoire, composé à quatre mains avec son complice, Fred Morisset.
Si cette enfant de l'Amérique noire fait figure de personnage à part dans un paysage musical souvent formaté et réducteur, elle doit cette originalité autant à sa personnalité entière qu'à son éclectisme salutaire, hérité d'un parcours pour le moins atypique.
Pour avoir grandi au cur du ghetto de North Dallas dans les années soixante, Demetrius Evans est exposée très tôt aux musiques populaires qui font le quotidien de la communauté afro-américaine: le gospel qui lui permet de faire ses premières armes de chanteuse au sein de la chorale de l'église baptiste qu'elle fréquente ; la soul en pleine ébullition qui monopolise les ondes en cette période où la première minorité d'Amérique se bat aux côtés de Martin Luther King ; le blues, enfin, qu'elle révère à travers la figure mystérieuse d'un père trop absent, pianiste dans l'orchestre de Bobby Bland.